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Le Blog de L'Ermite Païen
28 janvier 2015

Le Harcèlement scolaire : Un sujet tabou

Le harcèlement scolaire, un sujet dont on commence enfin à parler, un sujet pourtant bien difficile à aborder tant il est taboo. Cette exposition médiatique, nous la devons à la sortie d’un livre : « Marion, 13 ans pour toujours » écrit par une mère dont sa fille, lasse des multiples humiliations subies au collège a choisi la voie du suicide pour s’en sortir.

 

Source: Externe

Je ne peux m’empêcher d’éprouver un peu de culpabilité quand je lis un article qui parle de harcèlement scolaire, car moi aussi j’ai été victime de ce harcèlement durant le collège et une grande partie du lycée. Je sais ce qu’est de prendre des coups, de se faire humilier, cracher dessus, insulter par toute une classe pour qui cela n’est que de l’amusement. Et moi aussi, comme tant d’autres j’ai préféré me taire et surtout ne pas en parler.

Il m’est encore compliqué d’en parler aujourd’hui, si bien que pour beaucoup de monde, cela sera une découverte de savoir comment s’est déroulé ma scolarité. Et oui vers l’âge de 15/16 ans, le suicide a été perçu comme une éventualité quand le rêve de quelque chose de plus violent ne pointait pas le bout de son nez avant d’être rapidement rejeté par la raison.

Mes parents avaient peur de l’école publique, peu surveillée, avec des histoires de drogues, ils  ont fait le choix d’envoyer leurs enfants dans des établissements privés, plus rassurants. Sauf que la réalité est bien différente. Le harcèlement scolaire n’a rien à voir avec le milieu social, ou l’éducation des enfants, ou encore la qualité de l’enseignement dispensé, non il répond à un schéma social chez les enfants.

Chaque classe décide assez rapidement qui sera son « souffre-douleur ». Réfléchissez bien, souvenez vous, il y a toujours eu un enfant de votre classe qui s’attirait les moqueries, que ce soit sur son physique (petit, gros, maigre…), son comportement (élève modèle, timide) ou un handicap (bégaiement, voix atypique…). Allez, je suis sur que vous vous en souvenez, et peut-être que vous aussi vous vous êtes laissés aller à sortir un « Fayot », ou à vous amuser à cacher ses affaires avec d’autres dans les vestiaires. Et dans ce cas, félicitations, vous faisiez donc partie de ce formidable groupe des harceleurs sans même le réaliser.

Source: Externe

 Je vois déjà des gens s’offusquer, se dire que ce n’était pas grave ce qui se passait dans leur classe, qu’ils savaient s’arrêter avant que ça devienne méchant eux, qu’ils étaient bien élevés, que jamais ils n’auraient fait de mal à d’autres enfants… Mais la réalité est bien différente. Et moins il y a d’élèves dans la classe plus la participation est collective, il serait bien trop dangereux pour un élève de s’opposer au harcèlement d’un autre sous peine de rapidement se retrouver sous le feu de ces camarades à son tour. Donc il n’est pas rare que toute une classe se laisse aller au harcèlement, pas avec la même assiduité mais ce qui fait le plus mal quand vous en êtes victimes, ce n’est pas les quelques mots de certains mais bien de voir que tous sont ligués contre vous. Vous ne pouvez vous percevoir qu’exclus et rejeté par vos semblables, sans échappatoire et chaque jour sur le chemin des cours est susceptible d’être une journée en enfer de plus pour l’enfant que vous êtes.

Mais le problème n’est malheureusement pas prêt de se régler, tant les parents, s’ils n’osent dédramatiser dans un cas de suicide, trouvent finalement de faux coupables.

On peut lire que c’est la faute des jeux vidéos, rendant les enfants plus violents, ou alors les réseaux sociaux qui n’apportent rien de bon, ou bien la faute au corps enseignants, démissionnaire et ne garantissant pas la sécurité des élèves, ou encore la faute aux parents qui n’élèvent pas bien leurs enfants.

Là encore, on est dans un déni le plus complet…

 Les jeux vidéo et les réseaux sociaux ? Le harcèlement scolaire est bien plus ancien et était tout aussi violent qu’autrefois. Au contraire, les réseaux sociaux ont fait sortir le harcèlement scolaire du cadre de l’école et de le rendre visible à tous, il permet enfin à certains d’ouvrir les yeux sur le comportement des enfants entre eux, bien loin de l’innocence supposée par les parents…

La faute au corps enseignant ? Ils sont bien souvent dépassés et ne sont absolument pas formés à gérer des cas de harcèlement. Certains préfèrent fermer les yeux, d’autres vont même jusqu’à prendre le parti des harceleurs pour s’assurer des cours tranquilles tandis que l’administration veut, elle, avant tout protéger la réputation de son établissement. Cela ne signifie pas que le corps enseignant est inactif, ils cherchent des solutions, maladroites et évasives, mais peuvent-ils vraiment faire mieux ? Me concernant, ils ont tenté de me faire changer de classe entre la sixième et la cinquième, mais cela n’a rien changé, la nouvelle classe était bien trop contente d’avoir un nouveau souffre-douleur avec lequel s’amuser, bien rencardée par l’ancienne. Il est également bien plus facile de convaincre trois ou quatre parents de changer leur enfant d’établissement que de punir 70% du collège… D’autres ont essayé de me parler, de m’encourager à me rebeller, m’ont conseillé de m’inscrire à des courts d’arts martiaux (chose que mes parents ont fait d’ailleurs), mais il ne faut pas croire, les profs sont tout aussi désarmés face à ce problème.

Source: Externe

La faute aux enfants des autres forcément mal élevés ? Là encore, il faudrait comprendre que l’éducation des parents n’a rien à voir avec le harcèlement. L’enfant le plus charmant et bien éduqué peut tout à fait se transformer en un cruel harceleur une fois le portique du collège ou du lycée franchi. Mes harceleurs étaient tous issus de bonnes familles, très bien éduqués, très polis, très gentils, sauf qu’une fois dans l’établissement, cela devenait amusant de frapper, insulter, humilier avec d’autres celui qui leur paraît le plus faible, le plus timide, le plus gentil…Mes harceleurs sont surement devenus des gens respectables et des parents aimants et non des délinquants violents comme beaucoup de monde se l’imaginent.

Mais alors, comment savoir ? La victime ne voudra généralement pas en parler. Après tout, qui aime renvoyer l’image d’un faible, d’un lâche, d’un raté à ses proches ? Car oui, c’est bien comme cela que vous vous percevez lorsque vous êtes la victime tandis que les harceleurs ne se voient eux, que comme des personnes normales. Mais avec un peu d’observation, si vous voyez un élève revenir de la pause les yeux rougis, ou avec une chaussure manquante, ou en retard à un cours car devant ramasser toutes ses affaires éparpillées par ses camarades, vous verrez très rapidement ce qu’il en est réellement.

Pour les harceleurs, autant faire simple, il y a quasiment sept chances sur dix pour que votre enfant participe au harcèlement collectif d’un autre, le poussant à bout, l’humiliant régulièrement que ce ne soit que par un mot, un surnom même sorti du bout des lèvres histoire de faire comme tout le monde, histoire de lui-même se protéger pour ne pas devenir la victime. Et ce, même s’il peut éprouver de la sympathie voire de l’amitié pour elle. Il en devient une question de survie.

Prenez une photo de classe avec votre enfant et faites le parler de ses camarades, mettez le en confiance. Et si à un moment, avec le sourire aux lèvres, il vous évoque tel ou tel camarade avec un surnom tel que « le gros », « le fayot » ou tout autre terminologie rabaissante ou insultante, BINGO ! Votre enfant fait partie lui aussi du groupe des harceleurs ! Oui oui cet enfant que vous avez élevé comme il faut, avec beaucoup d’amour et d’attention, que vous n’auriez jamais cru capable de faire  du mal à un autre enfant. Mais ne sur-réagissez pas ! Car il y a également sept chances sur dix pour que vous fassiez la même chose sans vous en rendre compte au même âge…

Source: Externe

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  • Petit, je rêvais d'un monde différent et maintenant, je rêve toujours d'un monde différent. Vous trouverez ici mes réflexions divagantes sur le monde et l'actualité, quelques confessions, des critiques... Mais n'oubliez pas! Je ne vous aime pas!
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